LE COTONNIER, UNE PLANTE PRÉCIEUSE VICTIME DE L´INDUSTRIE
Étymologie
Genre des Gossypium
(Décrit et nommé par LINNÉ in Species plantarum au 18e siècle.)
Famille des Malvacea
(La famille des Malvacées, compte plus d'un millier d'espèces se répartissant en une cinquantaine de
genres, est assez riche en plantes à fibres, et voisine avec les Cruciféracées, Euphorbiacées, Papillonacées,
Rosacées, autres.)
Culture agricole
Le coton est cultivé sous les climats subtropicaux et tropicaux dans l'hémisphère nord aussi bien que dans l'hémisphère sud. Les principaux pays producteurs sont l'Inde, la Chine, les EUA, le Brésil et le Pakistan - ces pays totalisent plus de 3/4 de la production mondiale.
Selon le CIRAD, "deux espèces originaires d'Amérique produisent l'essentiel du coton dans le monde : Gossypium hirsutum, qui vient du Mexique, fournit 90 % de la production mondiale et Gossypium barbadense, qui vient des îles Barbade, donne les plus belles fibres et assure 5 % de la production. Les deux autres espèces domestiquées sont originaires de l'Ancien Monde : Gossypium herbaceum, originaire du sud de l'Afrique, et Gossypium arboreum, originaire d'Inde, représentent 5 % de la production mondiale". Le cotonnier est aujourd'hui présent sur tous les continents, parce qu'il existe de nombreuses variétés adaptées à la diversité des climats.
Le cotonnier est une plante fragile et très vulnérable aux maladies provoquées par les virus, les bactéries et les champignons qui perturbent sa croissance et/ou détruisent ses capsules. Elle est aussi très attaquée par des insectes qui dévorent ses feuilles, ses capsules et ses racines. Les dégâts peuvent être importants. Ils entraînent des pertes de récolte et la détérioration des fibres, qui ne peuvent plus être utilisées en filature. Les insectes ne peuvent être considérés comme des ravageurs que lorsque sa population atteindra un seuil pouvant provoquer des dommages économiques. La tolérance des populations d'insectes à des niveaux ne causant pas de dommages économiques favorise la croissance des populations d'ennemis naturels qui agiront avec plus d'efficacité sur ces populations. En ce sens, il est nécessaire d'avoir des connaissances solides au niveau de la biologie et du comportement des insectes ravageurs et de leurs ennemis naturels afin que le producteur puisse contrôler les populations d'insectes en préservant l’équilibre environnemental, en réduisant les coûts de production et en garantissant la productivité de son champ.
Les produits chimiques ont longtemps été la solution universelle aux problèmes posés par les insectes, qui développent même des résistances à leur action. Malgré cela, on pulvérise encore beaucoup d'insecticides sur les champs de coton. Il y a peu de temps, la culture cotonnière représentait 25 % des insecticides achetés dans le monde.
Dans de nombreux pays producteurs, les agriculteurs se tournent désormais vers la lutte intégrée, qui cumule plusieurs techniques à la fois pour réduire/éliminer l'emploi des insecticides. En ce sens, il est nécessaire d'avoir des connaissances solides au niveau de la biologie et du comportement des insectes ravageurs et de leurs ennemis naturels afin de contrôler les populations d'insectes en préservant l'équilibre environnemental, en réduisant les coûts de production et en garantissant la productivité de son champ.
Je reviens alors sur la principale cause des ataques des ravageurs : la monoculture!
"Les monocultures telles que le coton exercent des pressions de sélection sur les insectes, en favorisant la propagation de certaines espèces et en augmentant la disponibilité en nourriture. C’est ainsi que se produisent les déclenchements de population d’espèces d’insectes. L'un des outils de la lutte intégrée utilisé pour inverser cette situation est la lutte biologique qui remplit les conditions préalables fondamentales pour fournir de l'efficacité sur le terrain tout en étant biocompatible avec d'autres stratégies de la lutte intégrée avec un coût relativement faible et en respectant l'environnement" (EMBRAPA).
Consommation d´eau
Selon le Water Footprint Network, pour produire 1kg de fibres de coton, l'irrigation requiert entre 5 000 et 27 000 litres d'eau. La production d'un tee-shirt en coton de 120g, est aussi gourmande: entre 2 700 et 17 000 litres d'eau. En 2018, 632 millions de tee-shirts ont été importés en France.
La Banque mondiale affirme dans son plus récent rapport : "les substances chimiques utilisées pour fabriquer nos vêtements, notamment dans la fast fashion seraient responsables de plus de 20% de la pollution de l´eau dans le monde. C´est juste innaceptable!
Pesticides et pollution chimique
Le coton en monoculture intensive demande une quantité absurde d’engrais et de puissants pesticides - les plus toxiques du marché (classement par l’OMS comme "très" et "extrêmement dangereux"). Devenu malheureusement toxique, il contamine les sols et tous ceux qui le manipulent : les cultivateurs, la main d’œuvre qui le coupe et l’assemble, les consommateurs.
Une fois tricoté, on l’ennoblie par traitements chimiques. On le blanchie au savon, à l'acide chlorhydrique, au trichloréthylène. Le blanchiment total se fait à l’eau oxygénée, au peroxyde d’hydrogène ou au chlorure décolorant. Les eaux issues des ateliers et des usines sont ainsi hautement polluées.
Nouvelles tendances
L'activité de recyclage de l’industrie textile a crée un marché secondaire stable qui rivalise avec le marché primaire pour fournir leur matière première aux industriels produisant des textiles. Cette tendance pourrait encore réduire la demande de coton et autres fibres. Toutefois, dans les pays à revenu élevé, les consommateurs semblent priser de plus en plus les fibres naturelles, ce qui pourrait favoriser le coton au détriment du polyester.
Le rapport de la FAO sur les perspectives du marché du coton en 2020 a indiqué que "les échanges mondiaux de coton se sont maintenus à 9.3 Mt en 2019, soit environ 1/3 de la production mondiale. Une intensification des exportations a été observée aux EUA (premier exportateur mondial) en Inde et au Brésil. La production mondiale de coton devrait croître de 1.5 % par an pour atteindre presque 30 Mt en 2029. Cette croissance sera alimentée par l’expansion des surfaces cultivées (0.5 % par an), ainsi que par la hausse des rendements mondiaux moyens (1 % par an)".
Compte tenue des impacts environnementaux de la production du coton, et des tendances et perspectives, nous pouvons très facilement réaliser qu'il est temps d´avancer, d'adopter des bonnes pratiques et produire de façon éco responsable.
Nous ne pouvons plus nous permettre de produire en ménaçant la biodiversité et l'équilibre de nos écosystèmes, habitats naturels et territoires.
Regiane THEYSS
Cherblanc, Emile. “L'ARCHÉOLOGIE TEXTILE ET L'HISTOIRE GÉNÉRALE DU TISSU.” Thalès, vol. 4, 1937, pp. 142–147. JSTOR, www.jstor.org/stable/43861485. Accessed 23 Mar. 2021.
http://www.fao.org/3/ca8861fr/Coton.pdf
https://www.natura-sciences.com/environnement/impacts-environnementauxindustrie-textile.html
https://medium.com/eliza-dit/coton-culture-consommation-eau-pesticide-biologique-environnement-83af996c4a05
https://ainfo.cnptia.embrapa.br/digital/bitstream/item/99857/1/COTON-4-ECHANGE-EXPERIENCE-Reconnaissance-ravageurs-por-C4.pdf
https://www.cirad.fr/nos-recherches/filieres-tropicales/coton/plantes-et-usages#:~:text=Aujourd'hui%2C%20deux%20esp%C3%A8ces%20originaires,assure%205%20%25%20de%20la%20production.
https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers14-11/05002.pdf
https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/40742/9242561398_fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y&ua=1
https://www.caminteresse.fr/economie-societe/tee-shirts-le-business-incroyable-de-leur-fabrication-11122401/
https://chaussettesorphelines.com/blogs/infos/limpact-de-la-culture-du-coton-sur-nos-reserves-deau#:~:text=Le%20traitement%20des%20fibres%20de%20coton%20entra%C3%AEne%20une%20pollution%20par%20les%20produits%20chimiques&text=Les%20mati%C3%A8res%20polluantes%20se%20retrouvent,l'eau%20dans%20le%20monde.
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