MAUVAISES HERBES ? NON. PLANTES AUX MULTIPLES VERTUS!

Selon le CIRAD, "mauvaises herbes" ou "adventices" en français, "weeds" en anglais, "unkraut" en allemand sont les termes incontournables de la malherbologie. Cependant, leur définition pose des difficultés insurmontables, si l'on ne tient pas compte du contexte agroécologique dans lequel elles sont étudiées. Le terme général de "mauvaise herbe", utilisé en France pour nommer les espèces végétales croissant dans les parcelles cultivées sans y avoir été intentionnellement plantées est assurément peu adéquat, mais la langue française n'en possède pas encore d'autre.

Le terme adventice a un sens écologique - plante introduite accidentellement dans des milieux modifiés par l'homme. Une mauvaise herbe est souvent considérée comme une plante indésirable là où elle se trouve. Néanmoins, le terme "mauvaise herbe" en français, n'est pas toujours satisfaisant et il est nécessaire de préciser la définition de l'Afnor: le statut de "mauvaise herbe" ne devrait être attribué qu'à une plante installée postérieurement à une activité humaine et ayant un effet nuisible direct ou indirect

Certains auteurs, qualifient les "mauvaises herbes" d'éléments "commensaux" du cultivar, sans préjuger d'un effet positif ou négatif. Pour d'autres, ces plantes sont malheureusement plus nuisibles qu'utiles, même si un effet bénéfique - limite de l'érosion du sol, fertilisation, intérêt médicinal ou alimentaire - leur est reconnu. D´autres encore, définissent les mauvaises herbes comme des plantes dont on n´a pas encore trouvé d'utilité - plant for which man has not yet find a use.

Je vais alors essayer de vous ouvrir les yeux afin de sauver ces plantes riches en propriétés médicinales et nutritives. En regardant autrement le végétal, la faune, la flore - la biodiversité -, nous pouvons contribuer à la régénération du vivant et ainsi, tourner le dos à presque un siècle de minéralisation des villes et d´une vision "hygiéniste" (et véritablement nuisible) conduisant à anéantir le moindre brin d’herbe dépassant du bitume. 

Pourquoi les plantes adventices ou mauvaises herbes poussent-elles?

Tout simplement parce que l´homme modifie l´environnement sans connaître les dynamiques entre les espèces de la flore et de la faune locale. La culture "hygiéniste" a pour effet l’érosion continuelle de la biodiversité - disparition des espèces et perturbation du fonctionnement des écosystèmes. Un phénomène qui ne cesse de nous inquiéter puisque les recherches scientifiques et les expérimentations confirment le besoin urgent de restaurer et de renforcer les fonctions écologiques urbaines et rurales.
Cet article souligne l'importance de l’écologie dans la compréhension des problèmes des mauvaises herbes, le besoin d'évaluer les banques de semences dans le sol, l'importance d'évaluer la compétition des mauvaises herbes et la capacité des cultures à établir la compétition avec elles.
Au début, la flore se compose d'espèces peu compétitives issues du milieu naturel, nécessitent peu de désherbage et sont peu adaptées aux perturbations répétées du milieu agricole. Rapidement, cette flore est remplacée par des espèces biologiquement mieux adaptées au contexte agricole qui prolifèrent avec le temps. Ces nouvelles espèces gagnent les nouvelles parcelles par les semences contaminées, les outils, les animaux, l'eau d'irrigation, le vent… Les pratiques culturales influent sur la rapidité d'évolution de la flore et sur la sélection des espèces les mieux adaptées au contexte. En quelques années, apparaissent des enherbements quasiment mono spécifiques, contre lesquels les agriculteurs n'arrivent plus à lutter.(2)
Au Mexique, p.e., les agriculteurs associent avec la culture certaines espèces qu'ils appellent buen monte (bonnes plantes) et n'éliminent que les mal monte (mauvaises plantes). Dans de nombreux systèmes traditionnels en région tropicale, différentes "mauvaises herbes" sont maintenues dans les champs en raison de ses multiples vertus.
En effet, il faut étudier chaque espèce envahissante et ses stratégies biologiques. Il s'agit notamment de comprendre l'ensemble des caractères qui lui confèrent cette capacité d'adaptation et d'envahissement en adéquation avec le contexte agroécologique. En suite, il faut restaurer la biodiversité locale et associer harmonieusement les plantes afin d´instaurer un nouveau équilibre et ainsi éviter les aspects "nuisibles" ou indésirables dans le jardin et/ou dans les champs agricoles.  
Les mauvaises herbes ne servent à rien. Mythe ou réalité? 
Mythe. Les jardiniers et les agriculteurs considèrent mauvaises herbes, les plantes (ou assimilées) qui "ne servent pas à grand-chose" et qui envahissent nos cultures comme les pissenlits, le plantain, le trèfle, le chénopode, le gléchome ou encore le liseron entre autres. 
J´ai fait une recherche et trouvé des nombreuses listes du genre "les 10 pire mauvaises herbes", et  voudrais vous inviter à avoir un nouveau regard sur ces plantes car elles ont des mille vertus. 
À chaque semaine, je vais vous dévoiler les petits secrets de ces plantes, y compris des astuces pour vous aider à les contrôler biologiquement, car nous ne voulons plus de pesticides dans nos champs et nos jardins.  
Nous allons alors commencer par "l´ennemi numéro 1": 
Le chiendent 
Elytrigia repens Syn. Agropyron repens - Chiendent pied de poule, Cynodon dactylon - Famille botanique: Poacées.  

Le Chiendent est aussi appelé blé rampant, Sainte Neige, laitue de chien. Le chiendent est une plante vivace que l'on trouve en Asie, en Europe, en Amérique du nord et en Afrique du nord. Cette plante est bien connue des jardiniers qui redoutent sa propagation aussi bien en surface qu'en sous sol. Très souvent qualifiée de mauvaise herbe, tenace et envahissante par les jardiniers, le chiendent possède cependant des propriétés thérapeutiques bien utiles à notre organisme.

Les bienfaits du chiendent

Au XVIIème siècle, les rhizomes de chiendent étaient employés après séchage et broyage, mêlés au froment, pour la fabrication du pain pendant les périodes de disette.

Le chiendent est une drogue traditionnellement employée dans la pharmacopée populaire africaine pour ses bienfaits. 

Propriétés médicinales:  

  • diurétique capable de faire disparaître les calculs rénaux dus à la présence des sels de potassium contenus dans sa tige et son rhizome
  • antibactérien et antibiotique
  • antitussif 
  • émollient et adoucissant
  • dépuratif 
  • cholagogue léger  
  • antiseptique
  • laxatif doux
  • anti-inflammatoire

Principes actifs du chiendent

Ses principes actifs sont les sels de potassium, les mucilages, le mannitol, l’huile essentielle agro pyrène, du polysaccharide, et de l’hydroxy tryptophane. 

Desséché, le rhizome donne, pour une teneur de 8,98 % d'eau, 2,73 % d’albuminoïdes, 0,37% de matières grasses, 20 a 30% de fibres végétales, 60 à 67% de substances extractives non azotées, et pour finir 1,8 à 2 % de cendres riches en fer et en acide silicique.

La réputation du Chiendent

Il remporte sans doute la palme de la mauvaise herbe la plus connue car il s’agit d’une graminée vivace très invasive du fait de ses longs et profonds rhizomes traçants, très ramifiés qu’il est difficile d’anéantir puisque le moindre morceau de rhizome resté en terre va repartir.   

D´après mes recherches, le Chiendent est ainsi le plus souvent décrit : "redouté des jardiniers, le chiendent est un ennemi tenace, une peste végétale qu'il faut maintenir à distance, à défaut de pouvoir s'en débarrasser complètement. L'enchevêtrement de ses racines concurrence sévèrement, voire étouffe de nombreuses cultures, notamment dans les massifs de vivaces et de petits fruits, car on ne peut pas travailler complètement le sol". 

Et pourtant, en plus de ses propriétés médicinales, cette plante prévient tout problème d'érosion dans un terrain en pente et constitue un excellent fourrage, notamment pour les moutons. 

Malheureusement, ces plantes sont victimes de discrimination négative et des herbicides. En réponse à cette discrimination, l´on voit de plus en plus d´espèces de mauvaises herbes résistantes aux herbicides non seulement dans les nations développées où des herbicides sont couramment utilisés, mais aussi dans les diverses cultures de plusieurs pays en développement. Les herbicides sont responsables de nombreux impacts négatifs sur la biodiversité, l´environnement et la santé humaine et ne devraient plus être utilisés. 

Je vous invite alors, ci-dessous, à prendre connaissance sur l´efficacité des stratégies biologiques dans les systèmes de gestion agro écologique des parcs, jardins et champs agricoles.      

Contrôle biologique

Dans les champs agricoles, comme au potager, des solutions pour désherber sans produits chimiques existent. Au cours des dernières années, par le biais de projets de recherche, le Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+) a validé les techniques existantes et mis sur pied des protocoles efficaces pour la répression de cette plante. 

Sur le site:  https://www.laterre.ca/actualites/cultures/combattre-le-chiendent-sans-herbicides, vous pouvez trouver des études et des astuces pour vous aider, comme p.ex..:

  • Analyse floristique et détermination de banque de semences de mauvaises herbes dans l'agroécosystème.
  • Éviter de nouvelles infestations: prévoyez un engrais naturel nettoyant comme le sarrasin (en culture d'été) ou le seigle (en culture d'hiver, associé à la vesce). Il faudra éviter la propagation par les rhizomes provenant des zones voisines : allées, pré, verger... Si le risque est élevé, vous pouvez transformer vos bordures en barrière infranchissable : aucun interstice et une profondeur légèrement supérieure à celle que vous travaillez : 30 centimètres, avec des bordures maçonnées ou un feutre anti-racines épais.
  • Les allées peuvent constituer un bon obstacle à la propagation du chiendent si elles sont, p.ex., recouvertes de 5 centimètres d'écorces de pin ou de broyat de bois (il faudra les surveiller de près si le Chiendent est présent alentour). 
  • La rotation des cultures avec l´insertion de cultures "nettoyantes" est le principal levier d’action (https://www.arvalis-infos.fr/la-rotation-un-levier-agronomique-crucial-@/view-9057-arvarticle.html)
  • La connaissance des caractéristiques des vivaces (périodes de levée préférentielle, profondeur de germination, durée de vie des graines...) est essentielle pour choisir les méthodes de lutte les plus appropriées et les outils de désherbage mécanique. 
  • Il faut éviter à tout prix de fragmenter les rhizomes puisque cette action aurait pour effet de les faire bouturer.
  • Utilisation des plantes de couverture dans un système de gestion des mauvaises herbes.
  • Privilégier l’allelopathie (processus par lequel les plantes libèrent des composés phytotoxiques/ allelochimiques) dans la sélection de nouveaux cultivars.
D’autres stratégies de contrôle sont discutées par la FAO (3), dont certaines ne sont pas fréquemment utilisées, comme c’est le cas des cultivars allelopathiques, qui peuvent réduire avec succès la croissance d'un grand nombre de mauvaises herbes ordinaires, de même que les méthodes pour développer de tels cultivars. Une autre stratégie, largement vulgarisée dans les zones chaudes, sèches, arides et semi arides, est l'utilisation de la solarisation du sol. Ceci est un bon exemple d'utilisation du rayonnement solaire pour les processus agricoles. 

En bref, force est de constater que nous n´avons pas encore étudié la plupart des plantes. La méconnaissance est le vrai ennemi que nous empêche de réaliser l´importance de la nature dans toute son splendeur et sa biodiversité.  

Un gazon tondu régulièrement en saison comporte 20 plantes différentes, alors qu’un gazon laissé monté comporte 40 plantes différentes attire le plus d’insectes et favorise l’équilibre de nos jardins en reconstituant la chaîne alimentaire puisque les insectes représentent près de 80% de la faune. La moindre parcelle de terrain, si petite soit-elle, peut accueillir des plantes et devenir un espace vivant et coloré - un lieu de biodiversité.

Dorénavant, concernant ces plantes "non désirables" parlons plus logiquement d’herbes "folles ou spontanées" que de mauvaises herbes. Accepter de laisser croître ces plantes, c’est favoriser la vie car elles sont attractives pour les abeilles, les bourdons, les papillons, les oiseaux...

Références:

(1) http://malherbologie.cirad.fr/fr/generalites/index_generalites.php?pageid=ecologie 

(2) http://www.agriculture-biodiversite-oi.org/ 

(3) http://www.fao.org/tempref/docrep/fao/009/y5031f/Y5031f.pdf

https://www.terrevivante.org/468-le-chiendent.htm 

https://jardinage.lemonde.fr/dossier-2164-10-pires-mauvaises-herbes-jardin.html 

https://www.alterafrica.com/Chiendent.htm

https://www.cairn.info/revue-pour-2014-4-page-315.htm

https://petitesruches.fr/spip.php?article43

https://www.lovethegarden.com/fr-fr/article/marre-des-mauvaises-herbes


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